Économie
de la misère
Misère
de l'économie, droit au travail,
précarité,
loi du marché, production immatérielle,
revenu garanti,
aliénation, fouriérisme, paresse, plaisir, révolution.
Claude Guillon,
La Digitale, 1999
Écrit avec verve et humour,
le livre de Claude Guillon propose, sans ambages, une véritable
réflexion critique sur les idées reçues de l'extrême-gauche,
sur ses contradictions et la faiblesse de ses élaborations nouvelles
en matière d'économie. Ses préoccupations rejoignent
celles du Cercle social : comment penser une société libérée
du travail, un monde où le droit au bonheur succède à
l'aliénation et à l'esclavage salarié. Il dresse l'histoire
de la critique du travail (Stirner, Lafargue, Faure, Kropoktine, Breton,
Tzara, Clastres, Sahlins,...) en parallèle avec le travaillisme
forcené de certains théoriciens "révolutionnaires"
(Proudhon, Bakounine, Pouget,...), sans oublier de montrer toute l'ambiguïté
de la notion de travail volontaire et de plaisir dans le travail, développée
par certains critiques.
Claude Guillon s'intéresse
surtout à la notion de revenu garanti, largement développée
au sein de l'extrême-gauche française. Il en trace également
l'histoire. Il va ainsi de l'abondancisme de Duboin dans les années
30, courant passé par la Collaboration et aujourd'hui maintenu
par le journal La Grande relève, jusqu'aux réflexions
actuelles menées par No Pasaran !, la revue Alice ou Toni Negri.
Le philosophe italien n'est guère ménagé, et les critiques
sont très proches de celles formulées par le Cercle social
(07/02/00).
L'idée de revenu garanti est
fondée sur un droit naturel de l'être humain à bénéficier
de moyens pour vivre, qu'il travaille ou non. Sur le principe, cette proposition
ne manque pas d'intérêt, même si elle ne rompt pas totalement
avec l'économie monétaire. Mais elle repose sur la base d'un
état-providence chargé de distribuer cette manne. Dans la
pratique, elle se trouve associée à une critique qui ne porte
pas sur l'existence même de l'état, mais seulement sur sa
tendance au totalitarisme sous la forme du contrôle social.
Autrement dit, la revendication
de revenu garanti résulte d'une analyse insuffisante de la nature
de l'État, et débouche effectivement sur une volonté
de contourner la Révolution, sans poser clairement le problème
du pouvoir. Malgré sa radicalité apparente, elle devient
ainsi un élément de la propagande néo-réformiste.
Nicolas (01/06/00)
Proclamons-le donc
contre la "paix sociale" et la "guerre humanitaire" : impossible de faire
l'économie d'une révolution pour en finir avec un monde où
l'horreur, la misère et l'ennui sont monnaie courante.
Claude Guillon