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  Cercle de discussion de Paris sur l’organisation révolutionnaire     Chers camarades du Cercle de discussion de Paris,   J'ai entamé la discussion sur votre brochure sur un thème
  apparemment un peu marginal dans votre texte, quoique indirectement lié à
  votre existence même : le lien historique entre franc-maçonnerie  et mouvement socialiste révolutionnaire.
  Or, ce bref survol amenait tout de même assez directement à l'une de vos questions
  centrales, la vision léniniste de l'organisation. C'est donc de la conception
  de l'organisation que je voudrais discuter dans ce courrier, à partir du
  bilan que vous dressez de votre expérience dans le CCI.  Pour commencer, il faut se rendre à l'évidence. La
  manière dont vous exposez le passage du CCI d'une position souple dans ce
  domaine (partiellement liée à l'origine anarchiste d'une partie des
  fondateurs  du Courant) à une
  redécouverte du léninisme, est, sans le dire vraiment, un constat d'échec  de l'un des postulats de base du CCI : la
  possibilité de créer une synthèse entre les gauche Hollandaise (conseilliste)
  et Italiennes ("bordiguiste", léniniste radicale), sous le nom de
  Gauche communiste. Ces tendances entretiennent bon nombre de rapports,
  certes, mais divergent précisément sur cette question de l'organisation. Or,
  vous indiquez à plusieurs reprises que le recentrage du CCI en matière
  d'organisation s'est faite sur la base du rejet du conseillisme. En réalité,
  il ne reste effectivement plus grand chose 
  de la gauche Hollandaise dans le CCI, et surtout pas son message
  essentiel : l’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs
  eux-mêmes. En outre, le poids de l’invariance bordiguiste se fait sentir :
  même en se repliant sur lui même, le courant est supposé transmettre intact
  aux générations futures le bel héritage d’un marxisme momifié. Mais il ne suffit pas de constater que le CCI s'est
  progressivement réorienté en abandonnant ses références conseillistes. Il
  faut savoir pourquoi. Vous indiquez que ce changement est opéré dès le milieu
  des années 80. Cela limite donc la portée de la mort de Marc Chirik, survenue
  après, et de la lutte pour le pouvoir qui s'ensuit. Cette lutte, comme vous
  l'expliquez, survient dans un contexte déjà lourd et une organisation
  fragilisée par des départs et des scissions, c'est-à-dire déjà par des
  cristallisations politiques successives, chaque départ resserrant le débat et
  surtout les liens de l'organisation autour des points de rupture. La défense
  du groupe contre les positions qui ont amenées à la scission sont extrêmement
  propices à la sclérose politique. Choisis ton camp, camarade…  Il est intéressant de constater que le
  débat s'est en réalité poursuivi en dehors du CCI, puisque bon nombre de groupes
  ou revues de "l'ultragauche" sont issues des diverses scissions et
  ruptures du CCI, ou l'ont au moins côtoyé de manière aimable avant de lui
  vouer un mépris ou une haine sans borne (GCI, PIC & Révolution sociale,
  Échanges & Mouvements, PI...). Pour moi qui n'ait jamais appartenu ni au
  CCI, ni à l'un ou l'autre de ces groupes, il me semble que la réalité
  politique du CCI des origines n'est plus à chercher dans le CCI actuel, mais
  dans le vaste ensemble qui en est issu.  Le conseillisme, conçu de manière stricte, est évidemment
  peu propice à une organisation révolutionnaire. Certes, le KAPD a compté
  quelques milliers d’adhérents, mais parce qu’il était issu d’une situation
  réelle de conseils, dont il représentait à la fois la théorisation, la
  sauvegarde... et peut-être la preuve de l’échec : le reflux des conseils
  aboutit à leur raidissement sous la forme d’un parti, qui disparaît lui-même
  rapidement. C’est une perspective d’analyse à développer, même si elle n’est
  pas spécialement plaisante pour notre mythologie. Il existe effectivement un
  paradoxe étrange, à la base même de toute organisation révolutionnaire. Si on
  admet un spontanéisme absolu, les organisations révolutionnaires sont
  inutiles et même dangereuses. Mais les révolutionnaires (au sens de ceux qui
  désirent la révolution alors même qu’elle n’est pas en train de se produire –
  révolutionnaristes serait d’ailleurs plus exact) existent et l’idée même
  qu’il ne servent à rien leur est insupportable. Le spontanéisme pur demande
  une stricte abnégation, une patience redoutable. Les révolutionnaires sont
  alors contraints de se regrouper, soir pour attendre la révolution à
  plusieurs (mais ça est pas beaucoup plus satisfaisant), soit pour la préparer
  d’une manière ou d’une autre (soit peut être les deux en même temps). Selon
  leur degré de patience et leur analyse, ils vont se diriger vers des groupes
  plus ou moins spontanéistes, ou au contraires avant-gardistes, ou encore dans
  différentes formes d’immédiatisme (réformisme, utopisme, terrorisme). En
  définitive, les organisations révolutionnaires servent essentiellement à
  regrouper les révolutionnaires pour leur rendre l’absence de révolution plus
  vivable. C’est terrible, mais c’est une donnée à ne pas sous-estimer. Cette
  sensation est probablement accrue pour les groupes qui sont dans une position
  un peu intermédiaire entre le spontanéisme et l’avant-gardisme, ce qui était
  le cas du CCI à ses débuts. Le groupe qui porte ce nom actuellement a rompu
  avec toute forme de spontanéisme (conseillisme) pour avancer dans la ligne de
  l’avant-gardisme forcené et prendre dans ses bras le teddy-bear rassurant de
  l’Invariance, même sans en prononcer le nom. Paul Mattick (dans Le nouveau capitalisme et l’ancienne
  lutte de classe) admettait ce type d’analyse en terme de logique de groupe,
  donc de psychologie, mais en inversant la perspective. Pour lui, “Même pour
  assurer leur simple survie, les organisations radicales impuissantes seront
  amenées à invoquer la spontanéité comme facteur décisif de transformation
  radicale. Hors d’état de changer la société par leur propres moyens, elles
  mettent tous leurs espoirs dans les soulèvements spontanés des masses,
  remettant à plus tard de rendre compte de tels phénomènes”. Mais il écrivait
  cela dans un texte publié en 1968, c’est-à-dire à un moment où cette
  hypothèse paraissait relativement crédible, où elle participait effectivement
  d’un mouvement de la classe. Spontanéisme et avant-gardisme effectif étaient
  alors deux manières de voir et de préparer concrètement la révolution. Dans
  la phase descendante de la vague révolutionnaire des années 70, un tel point
  de vue devenait difficile à tenir, non politiquement mais réellement
  psychologiquement. L’avant-gardisme auto-proclamé, réellement
  arrière-gardiste, était la conséquence de ce replis.   Lorsque vous parlez des contraintes objectives de la vie
  d'un groupe révolutionnaire, il me semble que vous sous-estimez deux
  problèmes.  1° si vous notez justement la dynamique sociologique des
  structures associatives,  vous passez
  peu être trop vite dessus.  La
  "tendance organique à l'inertie, à la conservation et à
  l'autoreproduction" est une chose très importante, dès lorsque ce groupe
  tend à ne plus se développer, à amener moins d'éléments neufs, à réduire
  numériquement. Pudiquement (et conformément à une tradition solidement ancrée
  dans le mouvement révolutionnaire), vous ne donnez aucune donnée chiffrée sur
  l'évolution du nombre de militants, l'importance numérique de chaque
  scission, ni même sur la pyramide des âges (comme le faisait, par un féconde provocation,
  l'internationale situationniste). De même, alors que vous posez justement la
  question des "générations" et de leur expérience (question que
  nombre de groupes des années 70 commencent à se poser), vous semblez gênés
  par ce concept qui vous paraît étranger au marxisme. Comme si le marxisme
  vivant, ce n'était pas justement la capacité à intégrer les données et
  concepts des sciences humaines dans nos analyses…  Même si ces facteurs ne sont qu'une partie de l'explication, il
  serait erroné de ne pas les prendre en compte. Le CCI, si on lit entre vos
  lignes, est un courant qui a mal vieilli et qui s'est resserré sur quelques
  analyses clef en main pour éviter de regarder en face  la faiblesse de ses prophéties lancées
  souvent avec emphase .  2° Vous suggérez 
  que le CCI est un produit de la lutte de classe à la fin des années 60
  - début des années 70. Formellement, ce n'est pas faux, puisqu'il s'agit
  d'une convergence de plusieurs groupes réunis (brièvement, comme je l'ai déjà
  dit) dans une structure commune au cours de ces années de lutte, bien que de
  votre propre aveu, il en fut toujours assez distant en réalité. Mais lorsque
  vous dites que "tout son parcours ultérieur peut objectivement être
  décrit comme un progressif écart du bain créateur de la classe des
  prolétaires en tant que mouvement historique", il me semble que vous
  introduisez une distinction qui fleure encore le léninisme ou l'ouvriérisme,
  bien malgré vous. Là encore, l'absence de données sociologiques nuit sans
  doute à la compréhension, mais il j'ose imaginer que les militants du CCI ne
  sont pas majoritairement des petits industriels, des exploitants agricoles
  fortunés ou des notaires. Autrement dit, ce sont des salariés, du secteur
  privé ou public, ou des chômeurs, même si, comme c'est le cas dans le milieu
  libertaire, les ouvriers industriels sont rares (ouvriérisme : réduction du
  prolétariat aux seuls ouvriers d'industrie). Autrement dit, l'écart ne se
  fait pas entre le CCI et le prolétariat, puisque ses militants sont des
  prolétaires (léninisme : extériorité des communistes par rapport au
  prolétariat). A fortiori, il en va de même pour les camarades du CDP. La
  subtilité réside dans la précision "en tant que mouvement
  historique", ce qui peut signifier deux choses : en tant que classe
  consciente de l'être (bordiguisme, identité du parti et de la classe) ou en
  tant que classe en lutte (communisation, la lutte des classe quotidienne
  transcroissant en révolution). C'est effectivement là où le bas blesse. Comme
  vous l'avez noté à plusieurs reprises, le CCI est longtemps resté à l’écart
  des luttes comme un observateur critique, entraînant le départ de la tendance
  qui à pris le nom de Pour une Intervention Communiste. Puis a tenté lui-même,
  en réaction, un interventionnisme déplacé et ouvriériste (meeting de rue...),
  avant d’arriver à la situation navrante que livre la lecture mensuelle de
  Révolution Internationale : une dénégation systématique de toute lutte
  actuelle, considérée comme irrémédiablement entachée de syndicalisme. Pire,
  RI en est arrivée a dénoncer toute forme d’action directe comme “étrangère à
  la classe ouvrière” à l’occasion du conflit Cellatex cet été. Cela ne
  surprend guère, étant donné que l’anti-anarchisme le plus sommaire est au
  sommaire de chaque livraison depuis quelques mois. Qu’il y ait des limites
  aux mouvements sociaux très durs de cet été, certes, mais une condamnation
  aussi massive est significative : le CCI ne comprend plus ni le capitalisme,
  ni la lutte de classe dans leur stade actuel. Véritable “arrière-garde du
  mouvement ouvrier”, il est identique en cela à de nombreux groupes marxistes
  et libertaires : il ne fait illusion que par la répétition identique d’un
  certain nombre de principes de base fondateurs du mouvement révolutionnaire.
  Votre image de la pendule arrêtée qui donne l’heure juste deux fois par jours
  est très parlante.  Revenons au terrible constat initial sur le rôle des
  organisations révolutionnaires. Le CCI, dites vous, est né de la vague
  révolutionnaire qui a suivi 1968, tout en reprenant le corpus théorique de la
  GCF. Mais il est créé en bout de cours de ces années, en 1975. On est
  exactement dans ce cas de figure d’organisation — créée par des travailleurs
  qui formalisent ainsi leur expérience — qui en même temps se fige rapidement
  parce que la vague révolutionnaire en reflux les place en situation de
  conserver cette expérience dans l’espoir de la transmettre. Le Bordiguisme,
  dont cette notion de transmission par un petit groupe attendant des jours
  meilleurs est l’un des principes de bases, est évidemment attirant, beaucoup
  plus que le conseillisme qui demande de faire confiance aux travailleurs au
  moments même où ceux-ci sont moins actifs dans leurs luttes. Si ce groupe ne
  parvient pas à rester en phase avec la situation par une activité analytique
  et théorique, il se sclérose sous la forme d’une secte. On touche donc à la
  question de la praxis. Le CCI, tout comme une bonne part des
  “révolutionnaires” actuels, tout en étant au moins sociologiquement une
  organisation de travailleurs, est stérile et même réactionnaire (en temps que
  groupe, ce qui ne signifie pas que ses militants le soient tous) parce qu’il
  ne dispose ni d’une théorie révolutionnaire (une compréhension matérialiste
  du monde fondée sur l’analyse de la situation actuelle réelle), ni d’une pratique
  révolutionnaire (un investissement dans les luttes, à la mesure de ses forces
  réelles). Dans une perspective spontanéiste ou en tout cas
  non-avant-gardiste, le paradoxe de l’organisation révolutionnaire qui ne sert
  pas à autre chose qu’à rassembler des révolutionnaires peut trouver une
  esquisse d’issue dans son rôle critique à condition d’en être conscient :
  puisque les organisations révolutionnaires existent et qu’elles sont un
  danger potentiel pour la révolution, c’est une tâche révolutionnaire que de les
  dénoncer et de démontrer leur rôle nuisible. C’est grosso modo ce que font
  bon nombres d’organisations, même lorsqu’elles ne se considèrent pas comme
  spontanéistes. Chacune à sa cible préférée : Lutte Ouvrière pour le CCI, le
  CCI pour le GCI, le GCI pour Robin Goodfellow, et si je n’abuse, un certain
  GCM probablement disparu pour Robin Goodfellow. On pourrait en citer
  d’autres. J’ai suivi ce paradoxe dans ses conséquences les plus
  absurdes parce qu’il me semble effectivement important de comprendre que la
  tendance au regroupement est inhérente à la lutte des classes, quand bien
  même elle peut s’avérer dangereuse en situation révolutionnaire, en créant un
  groupe distinct de la classe, embryon de bureaucratie puis d’état (c’est une
  extension de la notion d’état illégal que j’ai avancé par ailleurs dans un
  article de Demain le monde n° 5). C’est une contradiction absolument
  essentielle, qu’il ne faut pas négliger. C’est elle qui a tué toutes les
  révolutions survenue à ce jour : un groupe organisé, quelque soit son
  idéologie, parvient à prendre le pouvoir et s’institue en État. Le
  bolchevisme est l’exemple le plus parlant : un groupe ultra-centralisé
  s’érige en gouvernement, chasse les autres partis révolutionnaires (SR de
  gauche, Menchevik internationalistes, anarchistes) et brise le pouvoir des
  conseils. Rapidement, il devient une organisation “fasciste” qui brise par la
  violence les résistances, y compris lorsqu’elles surgissent en son sein. La
  doctrine de l’unité du parti à tout pris a joué un rôle particulièrement
  réactionnaire dans ce processus. Le rôle d’un révolutionnaire, c’est de faire
  la révolution, même et surtout en tant de révolution. La véritable révolution
  permanente, c’est la succession ininterrompue de révoltes, c’est-à-dire
  d’intervention politique des masses pour empêcher la sclérose de la
  révolution. Reste alors une question majeure, toujours non résolue :
  on ne sait pas réellement comment ni surtout pourquoi démarre une révolution.
  Cela signifie qu’on ne sait pas si la propagande révolutionnaire sert à
  quelque chose. Globalement, on peut penser que oui en insistant sur le
  fourmillement de groupes et de débats avant la révolution russe, et sur la
  relative importance des organisations révolutionnaires (les SR étant de loin
  les plus nombreux...), ou se pencher sur l’agitation ouvrière avant la
  commune, mais c’est peut être une nouvelle manière de s’illusionner sur notre
  rôle, d’autant plus qu’elle a été une défaite sanglante pour le prolétariat.
  On sait qu’une organisation révolutionnaire peut être utile pour terminer une
  révolution, mais on n’a pas de preuve très solide du contraire. En outre, il
  ne faut pas faire semblant que dans une révolution, il n’y aura qu’un seul
  parti révolutionnaire. Il y en aura nécessairement une multitude, même si chacun
  s’accordera sur le fait que les autres sont les adversaires objectifs de la
  révolution. Les organisations qui actuellement se considèrent comme telles
  tenterons toutes de jouer leur rôle, pour le meilleur et pour le pire. Mais
  l’interdiction et la répression, loin de protéger le prolétariat de leur
  influence néfaste, constitueront le signe le plus sûr du début de la
  réaction. Le rôle des révolutionnaires sera alors de s’y opposer. Le
  multipartisme seul est révolutionnaire. C’est une contradiction essentielle à
  souligner. La question de l’organisation, enrichie par l’expérience
  des révolutions antérieures, se pose donc en d’autres termes. Il ne s’agit
  plus seulement de savoir comment éclate une révolution, ni comment se met en
  place le pouvoir des conseils, mais comment empêcher la prise du pouvoir par
  un groupe organisé, par un Etat de fait. La question politique essentielle,
  c’est : comment ne pas prendre le pouvoir sans qu’il soit pris par d’autres.
  C’est pourquoi, à mon sens, la question de l’organisation est
  indissociablement liée à l’analyse que l’on a de ce qu’est concrètement
  l’État. Il me semble que  la plus
  grande faiblesse théorique de votre brochure “Que ne pas faire ?”, c’est
  précisément cette définition de l’État, qui est quasiment absente. Je
  reviendrais plus en détail sur ce sujet dans mon prochain courrier. Bien sûr,
  la question de l’organisation aujourd’hui, c’est-à-dire dans l’immédiat, ne
  peut être tranchée  sur ce seul
  critère, mais il est d’une importance capitale. Vous posez, dans QNPF, la
  question de la mise en place d’un réseau de débats ouverts, où la question de
  l’organisation pourrait être discutée. Je propose d’y ajouter la question de
  la définition de l’État, non en absolu mais dans son existence et son rôle
  réel dans le stade actuel du capitalisme.  Je laisse de côté, volontairement, la question pourtant
  essentielle du lien entre analyse globale et luttes sectorielles, parce qu’il
  me semble premièrement qu’il ne peut être discuté qu’après la question de
  l’Etat, deuxièmement parce qu’il nécessite une étude elle-même assez
  approfondie, plus que les quelques axes que j’ai essayé de tracer ici en
  préalable à un débat. Je ne conclurai pourtant pas d’une manière totalement
  négative, faute d’avoir creusé plus avant la question – et j’espère que nous
  aurons l’occasion d’en discuter de manière plus approfondie – mais je vois
  donc, en résumé, trois points essentiels à ce stade de la discussion : 1° Les révolutionnaires (révolutionnaristes) ont
  “naturellement” tendance à se regrouper par affinité et à vouloir hâter la
  venue de la révolution. Leur degré d’impatience les amène, selon les
  tendances de la lutte de classe et leur analyse – plus ou moins solide – de
  la situation, à formaliser ce regroupement sous la forme d’une organisation. 2° Dans une révolution, une organisation révolutionnaire
  peut devenir nocive si elle parvient à prendre le pouvoir, car elle sera à
  amenée à se constituer de fait en classe d’Etat. A la question Que ne pas
  faire ? je réponds, prendre le pouvoir ou le laisser quelqu’un d’autre le
  prendre. Le premier axiome est assez simple à réaliser, le second
  particulièrement difficile et conditionne pourtant la victoire de la
  révolution. 3° Les deux premiers points  forment les termes d’une contradiction à peu près insoluble. Il
  ne reste qu’à l’organisation révolutionnaire – au sens large – à être le
  mieux préparée possible à affronter cette contradiction, parce que de débat
  théorique aujourd’hui, elle deviendra l’enjeu réel de la révolution demain. Espérant recevoir de votre part toutes les critiques
  qu’un texte aussi sommaire mérite, Fraternellement, Nicolas, 13 septembre 2000   
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