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Mots à maux. Dictionnaire de la lepénisation des esprits, par Pierre Tévanian et Sylvie Tissot (1998) Leur étude, appuyée sur des citations précises et référencées, montre à quel point le vocabulaire et les thèmes favoris du Font National (préférence nationale, invasion étrangère,...) sont maintenant repris, adoptés et défendus aussi bien à gauche qu'à droite. Les contre-vérités, les arguments fallacieux et les glissements sémantiques montrent que, selon les voeux de Bruno Mégret, l'idéologie nationaliste a gagné la "bataille du vocabulaire". Tranchant avec l'antifascisme classique, ce dictionnaire dénonce avec vigueur le consensus politique sur la question de l'immigration, le racisme latent, la récupération des thèses frontistes par la majeure partie de la classe politique. Ainsi, la lecture de Mots à Maux constitue une bonne piqûre de rappel contre les trahisons de la Gauche. Ils proposent notamment des conditions d'attribution de la nationalité française plus exigeante, une maîtrise plus stricte des flux migratoires, etc. Il y est fait l'éloge du rôle édifiant du maire, de l'instituteur, du père et de l'adjudant (pêle-mêle) comme cadres structurants d'éducation républicaine. On peut également y relever l'idée de couper les allocations familiales des parents de "délinquants", et des propos tels que "tout héroïnomane a d'abord été un fumeur de haschisch" ou une diatribe contre l'usage du baladeur dans les cours de récréation (à l'occasion, je tâcherais de publier in-extenso ce morceau d'anthologie, car rien ne remplace la lecture du texte original). Il est heureux que cet étalement de platitudes politiques et de hargne anti-jeunes et anti-immigrés soient enfin dénoncés. A l'instar du "jacobin" Chevénement, on retrouve là une énième interprétation bornée de la Révolution française et de l'idée républicaine, exhaltant les frontières nationales. Notons que depuis cette date, l'un des signataires, Max Gallo, a achevé son virage à droite en appelant à voter pour la liste "souverainiste" Pasqua-Villiers aux Européennes. Pierre-André Taguieff est l'auteur de déclarations telles que : "le vrai courage [...] implique de fermer la porte à l'immigration pas ou peu qualifiée, tant qu'un chômage de masse subsistera" ou "deux millions de musulmans en France, ce sont deux millions d'intégristes potentiels". Ce chercheur a évidemment soutenu la loi Chevénement sur l'immigration. Les nombreuses contradictions entre les déclarations d'intention "humanitaires" et la violence ou l'absurdité des situations sautent aux yeux, de manière cruelle parfois. Dans Mots à Maux, le discours des défenseurs de cette loi est confronté aux témoignages des sans-papiers et des associations qui les ont défendus. Pour sa part, Michèle Tribalat est une démographe, spécialisée dans l'étude de l'immigration. Pierre Tévanian et de Sylvie Tissot démontent par exemple la manière dont ses calculs faussaient de manière considérable le nombre de ménages polygames en France, fournissant ainsi des arguments à l'extrême-droite pour l'un de ses arguments favoris. On comprend mieux pourquoi le récent ouvrage commun de Pierre-André Taguieff et Michèle Tribalat, Faire face au Front National est, malgré son titre, un pamphlet en grande partie consacré à combattre l'antiracisme et l'antifascisme radical. Dans le cadre de ce programme de conquête de la sphère culturelle, c'est-à-dire, avoir réussi à imposer leurs vocabulaire et leurs thèmes favoris en les faisant accepter et diffuser par des intellectuels et par des chercheurs scientifiques est un succès indéniable de la Nouvelle Droite. C'est pourquoi la contre-offensive culturelle est plus que jamais nécessaire sur le plan intellectuel et culturel.
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